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Rencontre avec Marie Boulier - Printemps du Livre de Grenoble 2023

  • dameoiselledepapier
  • 13 mars 2023
  • 4 min de lecture

Crédit photo : Vivien Ravet


Étant partenaire des bibliothèques de Grenoble pour leur festival littéraire, Le Printemps du livre, j’ai eu l’occasion de lire le troisième livre de Marie Boulier, Apprivoiser l’été. Et après l’avoir dévoré, il était essentiel pour moi de rencontrer la poésie de cette femme. Sa poésie mais aussi sa douceur et sa sensibilité. Je voulais connaître celle qui se cache derrière ce beau roman inclusif.


Nous nous sommes retrouvées un lundi après-midi au café Myrö.



Installées à la table de ce petit café grenoblois, derrière la vitrine, nous commandons une limonade. L’atmosphère est au printemps, la lumière, au dehors décline et la petite lampe d’appoint faire vibrer sa chaleur. Autour de nous, les voix virevoltent et à ce moment précis, il n’y a que nous, la littérature et sa force. Ce qui compte, à présent est de donner à nouveau vie à Olivia et à tous les personnages qu’a créé Marie.


Marie, la trentaine, ancienne libraire anime aujourd’hui des ateliers d’écriture à Grenoble, ville cachée derrière des grandes montagnes. En 2020, officiellement publiée, elle devient autrice. Mais Marie a toujours écrit. Alors qu’elle publie ses textes sur la réalité de la parentalité - sur Instagram, elle est repérée par les éditions Thierry Magnier. Durant le confinement nait L’Enfant tigre dans la collection Petite poche. En 2021, elle fait le deuil d’un être cher avec L’Envol. Ses livres, c’est sa vie !



L’écriture, me dit-elle, lui demande la rigueur dont elle manque parfois. Mais alors que sonnent les premières notes du violoncelle de Yo-Yo Ma, Marie ne sait plus arrêter les mots qui se déversent sous ses doigts. Ce qu’elle aime le plus ? Parcourir les cafés, son carnet à la main pour reconstituer les odeurs, les sons et les visages des gens qu’elle croise poursuit-elle en feuilletant son joli carnet rose qui recueille toutes ses pensées et observations.


Dans chacun de ses récits, Marie s’inspire de lieux réels, chacun est incarné. Sensualité est le maître mot de son langage. Grâce à son écriture si poétique, nous sommes transportés sur la place de ce petit village d’Ardèche où l’été bat son plein. Mais aussi à Avignon et dans cette fête du village où Olivia est enfin elle-même.


Dans Apprivoiser l’été, Marie nous relate l’histoire d’Olivia jeune adolescente qui s’apprête, malgré elle à se jeter dans le grand bain du lycée. Elle, elle veut rester avec ses ami.es, comme avant. Que rien ne change ! Malgré tout, les jours passent et sans gaité de cœur, elle s’inscrit au club de journalisme. Mais un jour, au détour d’une plage, sa rencontre avec Eole jeune danseur·euse queer renverse son monde… S’en vient alors tous les questionnements liés à l’identité, à l’amitié, à l’amour, au consentement, à ce que c’est vraiment de devenir adulte et à tout un tas d’autres thèmes qui nous bouleversent quand on grandit.


Puisqu’aujourd’hui sa voix peut porter, atteindre plus de personnes, Marie explore ces thèmes trop peu abordés en littérature jeunesse : l’écriture inclusive, les difficultés quotidiennes des personnes LGBTQIA+, la masturbation féminine, l’hétérosexualité, l’homosexualité… En toute modestie, elle fait parler son personnage principal, Olivia, de ce qu’elle ne connait pas. La maladresse d’Olivia est finalement la sienne. Il ne s’agit pas de parler « au nom de » mais de faire entendre ces discours qui ont trop longtemps été invisibilisés.


Crédit photo : Marie Boulier


Marie veut « montrer les nuances, les possibilités » d’une « personne qui expérimente ». Eole qui parait aux yeux d’Olivia bien plus expérimenté.e qu’elle, est réellement en quête d’elle-même. Comme un « aller-retour entre soi et les autres ». Et puis finalement, est-ce que ce n’est pas ça la vie ? Une quête d’identité sans cesse renouvelée.


Pour Olivia, la question est de savoir si elle pourra être à sa place dans cet entre-deux : la vie d’enfant et d’adulte. Pour elle, « la vie d’adulte sera plus difficile » car elle a une « pureté dans sa manière de vivre ». Au terme de notre rencontre, Marie finit par s’excuser pour Olivia. Heureusement, elle restera bloquée, dans cet entre-deux qui la rend si heureuse.


Après quelques gorgées de limonades, je lui pose quelques questions auxquelles il faut qu’elle réponde sans trop réfléchir.

- La qualité que tu préfères chez les autres : La générosité

- Ton occupation favorite : Bouquiner

- Ce que tu aimes par-dessus tout (hormis tes proches) : Faire la sieste

- Ce que tu détestes par-dessus tout : Les non-dits

- Ta devise : Je n’en ai pas

- Comment tu te sens à l’approche du Printemps du livre : A la fois hyper nerveuse et excitée. Avec un petit syndrome de l’imposteur qui pointe le bout de son nez quelques fois.


J’ai fini par demander des conseils lectures à Marie pour le challenge #marsauféminin

- Un livre que tu nous conseilles : (C’est finalement trois romans pour le prix d’un)

La femme gelée d’Annie Ernaux

La femme brouillon d’Amandine Dhée

Queen kong d’Hélène Vignal



- Un essai : (c’est finalement deux pour le prix d’un)

Réinventer l’amour de Mona Chollet

Le Génie lesbien d’Alice Coffin


Enfin, un petit bonus : On ne se baigne pas dans la Loire de Guillaume Nail



Merci du fond du cœur à Marie pour disponibilité et sa générosité. Merci aussi à Nina Leprince pour sa réactivité et sa gentillesse.

 
 
 

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